[Critique] “Spectateurs !”: l'ode aux salles de cinéma d’Arnaud Desplechin

Le nouveau film d'Arnaud Desplechin à voir en salles ce jour Spectateurs ! est un film hybride entre l’essai et le documentaire et également entre une réflexion sur l’essence du cinéma et une ode sentimentale.
La structure de Spectateurs est à la fois linéaire (de l’invention de la technique du cinéma il y a plus d’un siècle à la réalisation d’un film de cinéma aujourd’hui) que brouillonne (il parle de sa grand-mère, puis d’un cours théorique, puis d’un ami américain) où se succèdent divers sujets.
L'ensemble est aussi hétéroclite que déconcertants.
Certains chapitres semblent superflus (la trop longue introduction sur la mise en mouvement d’images, le micro trottoir d'anonyme qui parlent cinéma à la facon Kombini ), et d’autres se suivent sans transition (l’inclusion d’anciennes archives vidéo où lui-même fait des interviews de personnalités qu’il ire, des acteurs qui évoquent leur dernier film vu).
Par dessus, Arnaud Desplechin intègre son genre de prédilection en racontant sa propre expérience de spectateur dans des ages de fiction autobiographique où se multiplient là aussi les jeunes acteurs l’incarnant au cours de sa vie
Ainsi, plusieurs visages à différents âges de son alias de fiction Paul Dedalus interviennent.
On y reconnaît par exemple Milo Machado Graner, Salif Cissé, le fidèle Mathieu Amalric...

« La photographie c’est la vérité. Et le cinéma c’est la vérité 24 fois par secondes. »
Au milieu de tout ça; différents acteurs apparaissent pour des courtes saynètes réalisées spécifiquement pour le film.
Au fur et à mesure de ces chapitres, la narration (le plus souvent avec un texte lu en voix-off) avance avec des propos assez généralistes et un montage de plusieurs extraits de film. Il évite les classiques trop trop attendus, en citant Cotton Club, voyage au bout de l'enfer ou Terminator 2
Un chapitre un peu plus long que les autres concerne son grand choc de spectateur devant un film : Shoah de Claude Lanzmann, et comme le cinéma est ainsi un média incroyable pour représenter l’indicible. "Ma vie a été radicalement changée", affirme il
Bref, Spectateurs ! est un film concept, une ode aux salles de cinéma qu'on ne peut que louer sur le fond, mais dont la forme, très proche de l'oeuvre " Desplechniesque" ne devrait séduire que les cinéphiles purs et durs ainsi que les familiers du cinéaste qui sont d'ailleurs souvent les mêmes..
