Polisse: l'uppercut à l'estomac
Il ne faut pas croire que, malgré certains articles (comme celui de des hommes et des dieux), je cherche forcément à faire mon original et prendre le contre pied de tout le monde.
Ainsi, en titrant ainsi mon billet du jour, je ne suis pas foncièrement différent des autres billets parus sur la blogosphère concernant la film Polisse que j'ai vu la semaine ée au cinéma.
Certains parlent de "poing dans la gueule, de film choc, de rouleau compresseur", et moi, donc, d'"uppercut": bref si la sémantique diverge, tout le monde est plus moins moins d'accord sur l'effet produit par le dernier film de Maïwenn. La scène finale, que je ne raconterais évidemment pas, y est aussi pour quelque chose, tant elle nous laisse complétement K.O debout, mais le reste du film, tendu comme un arc, porté par la caméra fievreuse et frontale de Maïwen contribue largement à nous faire ressentir cette sensation, que le jury de Cannes a également éprouvée, en récompensant le film du Prix du jury (pour ma part, je pense que lui aurais carrément donné une récompense encore plus haute).
Il faut dire que si je compare à Des Hommes et des Dieux, Polisse réussit là où le film de Beauvois n'avait pas fonctionné pour moi : me faire immerger totalement à l'intérieur d'une communauté de vie, celles de ces policiers de la Brigade des Mineurs, car au bout de 20 minutes, on a l'impression que ces fonctionnaires font intégralement partie de notre quotidien. Certes, certaines scènes ont pu me faire penser à mon activité professionnelle ( notamment celle du gosse africain qu'on sépare de sa mère, scène émotionnellement trés forte), mais même si j'avais été totalement extérieur à ce sujet, j'aurais été tout autant frappé par la justesse des situations et la véracité des dialogues.
On a loué le travail de documentation de Maiwen et de sa coscénariste Emmanuelle Bercot (qui joue un des agents, celle qui aime les femmes), mais totalement à juste titre, tant elles ont totalement gommé l'a peu près et l'invraisemblance. Certes, à la fin du film, on vire un peu parano, on a comme impression que dans chaque maison il pourrait se cacher un violeur, et un pédophile derrière chaque individu, mais c'est parce que les faits évoqués sonnent tellement juste qu'on se sent si concernés.
A la fois pudique et frontal, et joué par des comédiens impliqués à 200%, Polisse fait partie de ces films que l'on garde longtemps en mémoire.
Un seul -léger- bémol toutefois : si on comprend l'utilité du personnage du photographe interprété par Maïwenn en personne ( jouer le rôle de l'oeil extérieur, celui du spectateur), pourquoi l'avoir fait si niais, même carrément cucul la praline? Du coup, on arrive pas à comprendre comment Fred, le personnage joué par Joey Star (effectivement formidable comme on l'a dit partout) puisse s'emmouracher d'elle.
A part ce petit écueil, Polisse nage à 100 coudées au dessus de la production cinématographique courante, française et internationale confondue, et ceux qui ne l'ont pas encore vu doivent y aller toutes affaires cessantes.