Un enivrant café de flore
Pourquoi certains films nous emportent alors qu'au départ, ils possèdent tout pour nous faire fuir?
J'avoue m'être posé cette question à la sortie de Café de Flore, le quatrième long métrage de Jean Marc Vallée, réalisateur québécois de C.R.A.Z.Y. A la sortie seulement, car pendant tout le film, je n'ai pensé à rien d'autre qu'au plaisir pris par le tourbillon visuel et sonore de ce film.
J'aurais pu m'agacer fortement devant le message teinté de mysticisme que le dénouement véhicule, j'aurais pu tiquer devant l'esthétisme un peu ostentatoire du film, qui fait parfois penser à un long clip, j'aurais pu ronchonner devant l'histoire d'amour parfois à la lisière du mièvre, j'aurais pu maugréer devant le coté un peu rippoliné du Paris des années 60 de la partie française avec Vanessa Paradis
Or, il n'en est rien, car tous ces éléments, je les ai parfaitement accepté, pour être totalement bouleversé par l'histoire et la façon dont Jean Marc Vallée la met en place, façon puzzle, un peu à la manière d'un Inarritu ou d'un Claude Lelouch.
Café de Flore met en effet en scène deux histoires d’amour à deux époques différentes : l’une de nos jours, à Montréal, d’un DJ fou d’amour pour sa compagne Rose, ne parvenant pas à faire le deuil de sa séparation avec Carole, son amour d’adolescent devenue la mère des enfants. Puis celle située dans le Paris des années 1960, racontant le destin de Jacqueline, mère d’un enfant trisomique qui tombe sous le charme d’une camarade de classe, trisomique comme lui.
Ce qui m'a beaucoup plu dans ce film, c'est avant tout ce qu'il dit sur la puissance de l’amour à travers les âges et les époques, avec en filigrane l'idée selon laquelle aimer c’est aussi savoir laisser partir la personne que l’on aime.
Et si l'histoire est mise en scène de façon aussi éclatée au niveau de la chronologie et des sensations, c'est pour donner l'impression que le héros de l'histoire, DJ de son état, peut mixer sa vie comme il le fait avec sa musique. La bande sonore (Sigurr Ross, Sophie Hunger) a du coup une importance primordiale sur le pouvoir hyptonisant du film, de même que le travail du chef opérateur Pierre Cottereau qui donnent à Café de Flore une coloration qui sied parfaitement à l'intrigue, entre réalisme et onirisme.
Bref, alors que j'y allais un peu avec réticence, et si, que ce soit dans la salle ou dans la presse, tout le monde est loin d'avoir partagé mon emballement ( à part Pascale, ma comparse annonéenne du blog Sur la route du cinéma), ce Café de Flore m'a, pour ma part, totalement et littérallement enivré.