Baz'art  : Des films, des livres...
12 juin 2012

Quand je serais petit: Chapeau, Monsieur Rouve!!!

quand-je-serai-petit-12-gDemain, contrairement à tous les mercredis, je ne me livrerai pas à ma sélection habituelle des 3 films que j'aimerais voir cette semaine. D'une part, parce que j'ai prévu un autre billet et je ne vais pas  quand même vous en pondre plusieurs par jour, et d'autre part, car le seul film qui me faisait vraiment envie, j'ai eu la chance de le voir avant sa sortie.

En effet, il y a maintenant quinze jours de cela, j'ai eu le privilège d'assister à une projection, et en présence de son réalisateur s'il vous plait. Cette projection, c'était celle du second film en tant que cinéaste de l'acteur Jean Paul Rouve,  Quand je serais petit.

Quatre ans après son premier long, Sans arme, ni haine, ni violence, honnête, mais sans plus, qui narrait les aventures rocambolesques du fameux braqueur Albert Spagiarri, Rouve a décidé de  continuer l'aventure de la réalisation( et de faire comme un paquet de ses collègues acteurs), mais dans une veine plus intimiste que son film de gros bras.

Ici, et contrairement à son premier film, Jean Paul Rouve est partie d'une idée originale, et que je trouve assez géniale sur le papier: Imaginez qu'un jour, complétement par hasard, vous croisez un enfant qui ressemble énormé-QUAND+JE+SERAI+PETIT+PHOTO5ment à ce que vous étiez au même age, et qu'en grattant un petit peu, vous vous aperçevez que cet enfant n'est autre que vous même 30 ans plus tôt, avec les mêmes parents, les mêmes ions, les mêmes situations vécues...il y aurait de quoi être sérieusement ébranlé par cette découverte,n'est ce pas?

 Et bien, c'est exactement ce qui arrive à Mathias, joué par Rouve en personne, qui croise, à l'occasion d'un voyage sur un ferry un enfant qui lui fait étrangement penser à lui à 10 ans. Profondément troublé, il se lance  alors dans une quête insensée sur les traces du petit garçon qui va bouleverser son existence et son équilibre familial.

Et si l'on pouvait revivre son enfance, pourrait-on alors changer le cours des événements? C'est à cette très belle question que répond, entre autres, Rouve et son coscénariste Benoit Graffin ( déjà collaborateur du premier film de Rouve) , grâce à une écriture fine et délicate qui fait la part belle à la belle inoncence de l'enfance, et à cette faculté à l'insouciance, alors même que notre cocon familial s'écroule autour de nous. Mathias a perdu son père d'un cancer au moment charnière de ses 10 ans, et ce n'est évidemment pas un hasard si il "se" retrouve à cette époque là, alors que son père (joué par l'immense Benoit Poelvorde, ici vraiment épatant dans un rôle bien plus sobre qu'à l'accoutumé) est encore vivant.quand-je-serai-petit Mathias devra revenir aux sources du malheur qui a frappé son enfance pour certainement aider à se reconstruire.

Quand je serai petit est une comédie douce-amère dont l'idée de départ provient du genre fantastique, mais qui a l'ingéniosité et le grand atout d'être totalement ancrée dans le quotidien, ce qui rend ainsi toutes les situations extremement justes et crédibles.

Ce qui est évident, c'est que Quand je serais petit est un film absolument à voir. En effet, il fait partie de ces -rares- films qui m'ont énormément touché,  de ceux que regarde avec l'oeil un peu humide pendant toute la projection.

Ce sont ces films dont histoire qu'ils narrent trouvent en moi des résonnances personnelles assez fulgurantes. Comme le héros du film, j'ai perdu mon père jeune (j'étais quand même un peu plus vieux que lui) et j'avoue que Poelvorde, par certaines de ses intonations de voix et certaines de ses postures (le coté "gars du Nord", certainement) m'ont beaucoup fait penser à mon paternel. De ce fait, j'avoue avoir été ravagé par toutes les scèrouvenes entre Rouve et son vrai/faux père, et que, pour la première fois depuis longtemps en voyant un film, j'ai manqué d'un peu de subjectivité, et j'ai totalement squeezé les éventuels défauts du film (une mise en scène surement un peu sage par endroits) tant l'affect de ce que je voyais à l'écran m'a submergé.

Mais mon effondrement devant le film n'enlève rien à ses immenses qualités, bien au contraire, et c'est tout le talent de Rouve d'arriver à tisser un scénario qui touche autant à l'universel, car, comme j'ai pu le constater à la fin du film avec les témoignages des spectacteurs, une bonne partie d'entre eux ont reçu aussi le film en pleine poire, et y ont également pioché des choses intimes, profondément ancrées en elles. L'idée de l'acceptation d'un deuil n'est évidemment pas nouveau au cinéma, mais ici, son traitemen touche vraiment au coeur. Le film réussit en effet le prodige d'attendrir terriblement sans jamais être ni mièvre ni lourd sur un sujet qui pouvait vraiment buter sur les deux écueils (comme l'avait fait par exemple le premier film de Richard Berry, autre acteur réalisateur, avec Moi, César, 10 ans1/2,1m39).

Le film aborde des choses graves, mais en utilisant un ton toujours tendre, et avec des choix de mise en scène pertinents que n'a pas manqué de détailler  Rouve à la fin du film. Par exemple, dans une oeuvre qui "parle du mensonge, du non-dit, de ce que l'on cache aux enfants, le choix de l''adaggio d'Albinoni, musique qui occupe une pièce centrale du film n'est  jamais fortuite, car on apprend dans le film que son incroyable triomphe est basé sur un mensonge"  :  ce qui est sans doute un des "tubes" les plus connus de la musique classique n'a pas du tout été composé par Albinoni, mais par un compositeur allemand inconnu au XIXe siècle". Ce qui est évident, même sans connaitre les subtilités du choix de la musique, c'est que la bande son contribue grandement à la beauté du film, car outre ces morceaux classiques, Emilie Simon, qui avait déjà illimuné la Délicatesse de Foenkinos, apporte sa grâce si singulière à l'entreprise.

quand-je-serai-petit-2012-21982-726444659Enfin, et, comme bon nombre de ses collègues, Jean Paul Rouve a profité du réseau qu'il a pu constituer en tant que comédien pour attirer un casting extrêmement prestigieux, qui sait se mettre au diapason de la sensibilité de la partitition livrée par le chef d'orchestre : outre Rouve et Poelvorde (qui s'étaient connus sur Podium de Yann Moix), Claude Brasseur, Miou-Miou, Gilles Lellouche, ainsi qu' un de ses meilleurs amis du milieu,  Xavier Beauvois, le réalisateur du césarisé “des hommes et des dieux”. Mais je donnerais une mention particulière à la très belle et trop méconnue Arly Jover, que j'avais déjà apprécié dans Selon charlie et les Regrets, et qui était également présente, lors de l'avant première, ce qui a bien sûr ajouté au charme de la soirée.

Bref, Quand je serais petit est un film que je ne peux que conseiller aux âmes sensibles qui seront forcément bouleversés par la beauté de cette comédie douce amère mélancolique et optimiste à la fois.

Commentaires
A
Je viens de voir ce film dans le train et j'ai vraiment ete tres touche tant par l'oeuvre, par les acteurs que par la musique qui occupe une part importante dans ce merveilleux film que j'ai et je n'ai pas honte de l'avouer regarde avec les yeux humides.<br /> <br /> La replique qui m'a le plus marque est celle de Rouve a la fin du film qui repond au petit mathias qui lui demande pourquoi il ment : parce que quand t'es grand tu mens tout le temps ...<br /> <br /> <br /> <br /> A mediter ...
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A
Oui, la critique sera en ligne demain !<br /> <br /> :)
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L
oui, en effet, on se connaît très bien :D
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F
ouf...tu n'as pas détesté ce film, j'avoue etre un peu rassuré, j'en ai marre de me sentir seuL...j'ai lu aussi l'article que tu m'as indiqué...lecture très interessante...tiens j'ai l'impression que tu connais pas mal son auteur, je me trompe? :o) <br /> <br /> bonne soirée à toi
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L
ça y est, je l'ai vu ! en effet, très mignon et émouvant... merci pour le bon conseil ! Voici un autre article sur le même sujet, que j'ai trouvé intéressant sur le blog Les Oreilles entre les yeux, si ça t'intéresse ?<br /> <br /> <br /> <br /> http://lesoreillesentrelesyeux.wordpress.com/2012/06/18/quand-je-serai-petit-film-de-jean-paul-rouve/
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