Soderbergh aussi "magic" que son Mike
Je ne suis pas sur de vous surprendre outre mesure si je vous confesse que je n'ai jamais assisté à un spectacle de chippendales ou autre gogo danseurs de ma vie. N'étant pas une jeune fille susceptible d'être invitée un jour à un enterrement de vie de jeune fille ni un jeune homme qui pourrait être émoustillé, de par son orientation sexuelle à voir des torses nus de type bodybuildés, je n'avais donc pas vraiment eu cette chance (?) ou disons plutot, cette opportunité.
C'est pourquoi, lorsqu'il m'a été donné de voir en avant première Magic Mike, le tout dernier film de Steven Soderbergh qui nous raconte de l'intérieur le monde des strip teasers, je me suis dit que je ne manquerais pas cette occasion.
Je ne parle évidemment pas d'une occasion de me rincer l'oeil (comme était la finalité de mes voisines, qui me l'ont d'ailleurs avoué en début de séance, assez surpris de la présence importantes de garçons dans la salle ), mais plutôt d'aller voir un bon film car fait par un réalisateur plus que confirmé sur ce sujet, assez peu vu au cinéma, reconnaissons le ( on pense néanmoins pendant le film un peu penser au Tournée de Mathieu Almaric, ou Showgirls de Paul Verhoven, mais en version mâle).
Réalisateur plus que confirmé, je disais donc, et surtout stakkanoviste, tant Steven Soderbergh tourne très vite (3 films sortis en quelques mois, Piégée, Contagion et celui ci) et dans tous les genres possibles et inimaginables.
J'avais raté tous ses derniers films, et du coup j'ai été surpris de constater que ce type sait filmer comme pas deux : on retrouve sa manière bien à lui de finir des scènes de manière abrupte, de placer sa caméra de manière inattendue, de doser ses filtres de couleurs savamment bien utilisés…Une approche mi documentaire mi grand spectacle comme seul ce metteur en scène sait faire.
Sincèrement, la puissance de la mise en scène saute aux yeux et magnifie ce scénario qui ne pourrait donner prétexte dans les mains d'un vulgaire tacheron du cinéma, à une bluette sans aucune aspirité.
Ici, ce scénario dée vite le classique chemin d'initiation, à travers le personnage du jeune de 19 ans qui arrive dans ce milieu par hasard et qui va devenir vite incontournable car Soderbergh prend un vrai plaisir à tordre le coup des clichés hollywoodiens que le thème impose.
Mine de rien, Magic Mike en dit beaucoup sur l'Amérique et son petit peuple provincial pret à tout pour atteindre le sommet, et l'argent et la notoriété qui vont avec. Et cerise sur le gateau, les scènes de chorégraphies ont le mérite de n'être jamais vulgaires ni parodiques, deux écueils sur lequel le film pourrait aisément tomber.
Le seul petit bémol se situe au niveau des seconds rôles, tant les collègues strip-teaseurs de l’excellent Channing Tatum et du plus fade Alex Pettyfer semblent un peu faire de la figuration. En revanche, la magnifique Coby Horn, que je ne connaissais pas et qui joue la soeur du novice dont le Mike en question va tomber amoureux, dégage assurément un vrai magnétisme qui prouve que Soderbergh est toujours aussi doué pour trouver de vraies révélations de comédiens.
Bref, bien plus qu'un petit film estival qui se voit sans réflechir, Magic Mike est carrément pour moi un des meilleurs films américains que j'ai pu voir en 2012. Un peu dommage qu'il sorte ainsi en plein été, avec une promotion qui le vend surtout comme une petite comédie sans prétention.