Un monde sans femme: un vrai bonheur!!!
Ouh la, j'avoue, j'ai un peu honte de mon titre, quand même super provoc...
Mais taisons vite la polémique avant je ne sois taxé d'incorrigible misogyne: lorsque je parle d'un monde sans femmes, je fais uniquement mention au film de Guillaume Guillaume Brac, un moyen métrage sorti en salles en tout début d'année, et que j'ai eu la chance de voir en DVD grâce à Jonathan, attaché de presse de Magali Montet qui m'a permis de découvrir un film dont j'avais beaucoup entendu parler, mais que je n'avais pas réussi à voir en salles.
Le film avait pourtant bénéficié d'une très bonne couverture en terme de salles et d'exposition médiatique, couverture assez excceptionnelle pour un film de ce format: en effet, Un monde sans femmes est un moyen métrage (55 minutes, et il faut qu'un film en fasse 61 mns pour être considéré comme un long)
La diffusion en salles d'un moyen métrage est assez rare pour être saluée, et d'ailleurs, dans un des bonus du DVD, on voit que le réalisateur et le monteur avaient largement de quoi faire un excellent long métrage, mais qu'il ont préféré resserer le format du film pour le faire gagner en intensité et en efficacité. Le temps est ce qu’il y a de plus précieux au cinéma et de plus difficile à maîtriser et le film le prouve magistralement.
Un monde sans femme prouve en tout cas qu’on peut arriver àsortir en salles, trouver un public (le film a bien marché par rapport à son budget) et faire du très bon cinéma un moyen métrage, basé certes sur une histoire simple, des moments a priori anodins et des acteurs inconnus mais absolument épatant .
On a beaucoup parlé de Rohmer ou de Rozier pour situer les références du cinéaste, ce qui est surtout du au fait que le film se e sur une plage, et a un coté un peu lunaire et un peu verbeux, mais Brac impose en fait un ton bien à lui, dont la profondeur se cache très pudiquement derrière une apparente légèreté. Brac est très fort pour saisir avec bonheur la complexité des liens qui se tissent et se détissent entre des êtres différents.
S’il n’y avait qu’une raison de voir le film ce serait Vincent Macaigne, qui a des faux airs de Patrick Braoudé (au fait, quelqu'un aurait t il des nouvelles de cet acteur cinéaste, porté disparu depuis son iznogoud de sinistre mémoire?)
Macaigne compose à la perfection son personnage de loser attendrissant, dont les silences disent trés long. Une sorte d’inadapté à la société paradoxalement tourné vers les autres. Sylvain est un grand sentimental un peu naïf, mais qui possède en même temps un grand cœur .
Le genre de personnage auquel je peux facilement m'identifier, doté d'une timidité et son manque de confiance en lui l’empêchent de se livrer. Et quand il le fait, c’est de manière très maladroite avec Patricia qui repousse gentiment sa main sur la sienne ( oh la belle scène spontanée et cruelle que voilà!!!).
Et le film, mine de rien, nous offrira à la fin un retournement de situation et surtout une évolution dans la caractérisation des personnages, assez exceptionnel, avec si peu de scènes.
La misère sexuelle que l’on croyait être celle de Sylvain concerne bien plus Patricia, cette quadragénaire sexy qui préfère sortir avec des petits jeunes qui n’en ont « rien à faire d’elle » (dixit sa fille)plutôt que de s’intéresser à des gens profonds de son âge et qui auraient de vrais sentiments pour elle, comme Sylvain.
Et pour prolonger le plaisir immense de ce film, le DVD, entre autres ionnants bonus, nous propose aussi de voir "le naufragé ", qui reprend le même personnage de Sylvain et le même décor, mais confronté à une autre situation (un cycliste égaré dans cette station balnéaire hors saison? personnellement je préfère les 2 filles comme genre de situation j'avoue :o))
On y retrouve là la même habileté du cinéaste à dire autant de choses aussi peu. Et Vincent Macaigne continue d'exploiter de façon si jouissive son personage de Sylvain, à tel point qu'on se prend à vouloir une série complète des aventures de cet anti héros que tout cinéphile digne de ce nom ne pourra que chérir....