Baz'art  : Des films, des livres...
4 novembre 2014

Magic in the Moonlight : quand le magie de Woody opère encore et toujours

 magic_article_story_largeJe le clamais haut et fort dans mon billet de sélection des films à l'affiche le  22 octobre, jour de sortie du dernier cru allénien, "Magic In The Moonlight" était à la fois le tout premier film figurant dans ma liste des 10 films  de 2014 les plus attendus  et également le tout dernier à sortir, donc je suis allé le voir à la première heure de ce mercredi 22 octobre, décidant qu'il était grand temps de combler ces plus de 10 mois d'attente et, en même temps, de procéder à  un bilan définitif sur les promesses cinématographiques d'avant 2014. 

Après un "Blue Jasmine" 100% sombre mais tout autant 100% réussi,  je savais, avant même que cette année 2014 ne débute, que le 47ème film d'un Woody toujours aussi fringuant était bien plus luminueux et léger, versant sur les rives de la comédie romantique, avec un  tournage du Sud de la ,  quelques années après un premier plus que réussi avec la , le  sensationnel et euphorisant  "Minuit à Paris" en mai 2011 (je me souviens encore parfaitement que 2 minutes après avoir quitté la salle des étoiles plein les yeux, un coup de fil de ma mère m'informe de la tornade de l'affaire DSK, cela ne s'invente pas:o)).

 Mais que ce soit versant sombre ou versant plus léger, ce qui est génial avec une oeuvre allénienne, c'est de se rendre compte, dès les toutes premières minutes du film, à quel point on est en terrain conquis et familier, et qu'au lieu de nous lasser, cette univers reconnaissable entre milles nous sied à merveille.

Que ce soit par la bande sonore, ce jazz qu'on entend que dans ces films ou ce générique où les noms des acteurs s'affichent par ordre alphabétique sur le même carton, nous sommes d'emblée,  transporté avec aisance dans l'univers allénien en ayant l'impression de voir un film différent des autres, mais en même temps un peu le même aussi. 

Il faut dire que "Magic in the Moonlight" brasse l'ensemble des thèmes qui n'ont cessé de hanter la filomographie allénienne, que ce soient les sujets de  la futilité de l'existence face à la menace de la grande faucheuse,  l'existence ou non d'une divinité ou d'un pouvoir surnaturel, la force du sentiment amoureux, le temps qui e inexorablement, et d'autres sujets profonds traités toujours avec l'humour et l'autodérision inhérente à Woody .

Mais avec "Magic in the Moonlight", sous le vernis du marivaudage d'époque, et de la comédie douce amère, on sent poindre chez Woody  Allen un pessimisme de plus en plus manifeste (voir son itw dans les Inrocks où le nihilisme du cinéaste n'a rarement été aussi prégnant),  presque aussi intense que dans Blue Jasmine, mais comme il noie ce cynisme sous les dialogues savoureux, brillants et toujours aussi jouissifs, cette vision pour le moins noire du monde e comme une lettre à la poste.

Il faut dire que comme toujours chez Allen, on est épaté par la force et le soin apporté aux dialogues, d'une précision sans faille (la scène de longs dialogues, situés près de la fin  du film, entre la tante et Colin Firth est, à ce titre, un modèle du genre)

Et on est également plus que charmé par le message final du film : même si la magie, le surnaturel, la puissance divine n'existe pas, il reste encore en ce bas monde un si curieux et si irrationel phénomène qu'on appelle  l'amour. Pour Woody Allen, il va de soi que l'attirance mutuelle de deux êtres que tout devrait opposer constitue la seule et unique source de magie en ce bas monde, une magie qui se moque de logique et des esprits cartésiens et sarcastiques, et rien que pour se bruler aux flèches de Cupidon, la vie mérite amplement d'être vécu. Dans "Magic in The Moonlight",  l'amour est vu comme le fruit d'un possible envoûtement, qui s'opère à l'insu de celui qui pense cependant parfaitement contrôler la situation, du moins préalablement à ce que l'amour vienne tout chambouler.

La magie comme palliatif à la prestidigitation, voilà ce que nous dit cet excellent cru allénien 2014, et franchement, qui pourrait bouder son plaisir devant un tel constat enchanteur pour le(s) fleur(s) bleue(s) que nous sommes je suis?

Et Colin Firth, qui s'était un peu égaré dernièrement (entre "Arthur Newman", "les voies du destin", "Avant d'aller dormir",  ou "Les 3 crimes de West Menphis", 4 oeuvres plus que moyennes)  est  l'acteur idéal pour  incarner ce  cartésien qui va peu à peu vaciller face aux mystères de l'amour, et son duo avec une très charmante Emma Stonne fonctionne du tonnerre, comme dans les meilleurs comédies romantiques.

On appréciera également à sa juste mesure la direction artistique, (de l'imense  Darius Khondji, chef opérateur de mon idole James Gray) qui donne mystère et envoutement à cette Cote d'Azur des années 30, et on se dit que définitivement,  sous ses apparats de bluette romantique inoffensive l'immense Woody Allen nous livre un cru tout en élégance, en profondeur et en virtuosité.

Et je me suis surpris à penser, pendant la projection de ce si charmant "Magic in the Moonlight" que la confrérie des cinéphiles ( dont je e en toute humilité faire partie) sera bien malheureux lorsqu'on aura plus notre allen annuel d'ici quelques années...remarquez,  si Woody fait comme Manuel De Oliviera, on a encore pour une bonne vingtaine de films et ce n'est certainement pas votre humble serviteur qui va s'en plaindre!!

 MAGIC IN THE MOONLIGHT - Bande-annonce VOST

Commentaires
A
47 films,c'est juste incroyable comme palmares, et remarquable de ne pas avoir lassé son public ! J'ai aimé nombre de ses créations, par contre ce dernier opus n'a pas mes faveurs, je suis restée totalement hermétique à la moindre émotion, et les personnages principaux ne m'ont pas transpercée ...
Répondre
B
oui je me me souviens pas que tu étais fan de ce cinéaste là dans les années 90-2000 :o)..disons que Match Point a sonné effectivement le retour du très grand Woody Allen meme si je voyais déjà ses films au ciné tous les ans avant celui là...Harry dans tous ses états ou Meutre Mystérieux à Manhattan ce sont aussi de vraispetits bijoux...à mon sens évidemment :o)
Répondre
S
J'ai beaucoup aimé aussi. Je ne rate pas un de ses films depuis Match Point. J'adore l'ambiance particulière qui y règne, le ton, les dialogues, costumes etc... Ces détails aussi qu'on retrouve comme le générique, la musique. Midnight in Paris : un petit bijou ce film!
Répondre
C
Un très bon cru ce Magic in the Moonlight et c'est rassurant de constater que Woody Allen revient en force ces derniers temps !
Répondre
L
Quelle belle chronique pour cette si jolie et agréable comédie romantique !
Répondre
Qui sommes-nous ?

Webzine crée en 2010, d'abord en solo puis désormais avec une équipe de six rédacteurs avec la même envie : partager notre ion de la culture sous toutes ses formes : critiques cinéma, littérature, théâtre, concert , expositions, musique, interviews, spectacles.

Visiteurs
Depuis la création 7 898 963
Découvrez l'affiche du festival Off Avignon 2025 !

L’affiche de l’édition 2025 du festival Off Avignon  se dévoile!

 

Pour la quatrième année consécutive, l’affiche de la prochaine édition du festival Off Avignon a été réalisée par un étudiant de l'École Supérieure d'Art Avignon - ESAA : Luca Mira.

Depuis 2022, ce partenariat invite les étudiant·es du territoire à proposer un regard nouveau sur le festival Off Avignon.

 

https://www.festivaloffavignon.com/

Sélection officielle du Festival d’Annecy 2025 // 2025 Annecy Festival Official Selection

Pour l’édition 2025, le Festival international du film d’animation d’Annecy a reçu plus de 3 900 films en provenance d’une centaine de pays.

Retrouvez l’intégralité de la Sélection officielle 2025.

 

Découvrez l'affiche de la sélection Acid Cannes 2025 ! 
 

 

À partir de lignes épurées et de formes brutes, l'artiste évoque un cinéma fait de gestes à la fois familiers et insaisissables. Des fragments d'images s'harmonisent pour faire jaillir le mouvement de la vague face à la fixité du cadran, emportant nos inhibitions pour mieux libérer l'imaginaire et annoncer une programmation 2025 de films bien décidés à faire date !

 

Nous er

Une adresse mail :

[email protected] 

Newsletter
153 abonnés