Encore une chronique d'un excellent film qui sort mercredi en salles :  après Zaneta, dont je vous ai parlé hier soir, voici, à des années lumières sur l'échelle du paysage cinématographique,  "Hyena", un polar explosif que j'ai eu la chance de voir lors du dernier Festival du Film Policier de Beaune, et accessoirement second long métrage  du metteur en scène britannique Gérard Johnson.

Ce dernier était d'ailleurs  présent à Beaune  (en compagnie de la très belle actrice française Elisa Lasowski, qui joue dans le film avec énormément de justesse une prostituée... albanaise), et nous avait informé que malgré l'heure matinale (11 heures quand même et j'avais même eu le temps de voir un film avant celui ci, les festivals de cinéma sont quasiment les seuls moments où je fais l'effort de me lever tôt sans râler :o), le film serait suffisamment péchu pour nous réveiller :o)

 

Et on peut dire que le cinéaste ne s'était pas trompé sur le potentiel de son film, tant "Hyena" est, tant par sa mise en scène que par son intrigue, un polar survitaminé,  viscéral et sanguin, qui fonce à mille à l'heure, et qui nous plonge dans la descente aux enfers d'un flic londonien corrompu.

Alors, certes, le cinéma nous a déjà montré plusieurs fois ce genre d'histoire de flics  pourri  jusqu’à la moelle et qui se retrouve plongé dans une spirale de violence qui pourrait le faire définitivement plonger dans les abysses, mais Johnson arrive quand même à transcender ce matériau de départ, en plongeant notamment notre (anti) héros dans des quartiers londoniens  undergrounds rarement vus sur grand écran, très éloigné du Londres habituel ( celui du délicieux Padington par exemple) .

La façon de filmer les bas fonds de Londres avec des flitres de couleur verdatres, un peu poisseux, et avec une energie et un souffle  particulière, donne une ambiance nocturne et glaçante assez particulière, pas très éloignée des meilleurs films de Michael Mann ou de Nicolas Winding Refn (on pense forcément à sa géniale trilogie "Pusher").

Descente aux enfers nihiliste et sans jamais la moindre pause salutaire pour respirer,  ce "Hyena" s'avère être ionnant de bout en bout. Nous regardons impuissants, mais en ressentant néanmoins un plaisir coupable ce Michael dégringoler, mais aussi pourri soit il, on espère jusqu'au bout qu'il réussisse à récupérer, au fil de son périple dans les bas fonds londoniens, un semblant de dignité morale.

Dans ce rôle pas évident à tenir, l'inconnu- du moins pour nous français- Peter Ferdinando, dans le rôle de ce flic dont le monde prend l'eau de toute part, est assez formidable et possède un charisme indéniable qui permet au spectateur d'entrer en empathie avec un personnage pourtant pas bien sympathique, aussi bien dans sa sphère professionnelle que privée.

Alors, même si le film est  plutôt à réserver à ceux qui ent les sensations fortes et certaines scènes un peu sensibles ( le film est d'ailleurs interdit aux moins de 16 ans), ce "Hyena", qui avait d'ailleurs obtenu le prix du jury ex aequo à Beaune, est une excellente surprise, intense et addictive, qui confirme la bonne santé actuelle du cinéma anglais.