Baz'art  : Des films, des livres...
22 mai 2015

La tête haute : de l'excellent cinéma social, rageux et intense!!

la tete haute - photo03Le jour où fut annoncé le nom du film d'ouverture du Festival de Cannes, j'étais à Paris- en train d'interwiever l'immense Françis Huster- et lorsque j'ai vu sur mon smartphone que c'était "La Tête haute "d'Emmanuelle Bercot qui avait été choisi par Frémaux et son équipe pour lancer les hostilités du festival, j'ai aussitot clamé ma joie et ma satisfaction à l'idée que cette année, les films glamours et superficiels ( du pas terrible Gatzby au très mauvais Grâce de Monaco)  avaient laissé place à ce qui s'annonçait comme un vrai bon film, plus en phase avec l'esprit de la compétition et surtout avec notre société actuelle.

Non, franchement, pour moi qui adore le cinéma social des Dardenne et- surtout de Loach, je ne pouvais que me réjouir du fait que le cinéma fançais tente d'évoquer ce cinéma là, aux prises avec les problèmes sociaux de ce monde.

Enfin, le fait que ce choix, moins clinquant mais plus cohérent,  mettait en avant un film cofinancé par ma région -Rhône Alpes cinéma, une partie du film se tournant dans le Vercors- ne pouvait que rajouter à mon plaisir de cinéphile lyonnais, et je me suis donc empressé d'aller le vérifier en allant voir en salles dès le lendemain de sa projection à Cannes.

On l'a dit dans tous les médias, Le film de Bercot  suit sur deux heures le destin de Malony un adolescent, déscolarisé et violent, spécialiste des vols de voitures. Sa mère, est bien trop irresponsable et accro aux stupéfiants pour l’élever. L’enjeu est de savoir comment la justice, incarnée par Catherine Deneuve en juge des enfants, et Benoît Magimel en éducateur et racaille repenti, pourront aider Malony à relever la tête.

La Tête haute s'avère être une fort belle chronique sociale, mélangeant avec habileté chronique naturaliste proche du documentaire et romanesque propre de la fiction au film social,  sans toutefois sombrer ni dans un angélisme iratif ni un versant trop misérabiliste

Pour avoir travaillé il y a quelques années - et à un modeste niveau- dans le milieu de l'enfance en danger, j'ai trouvé que le film rendait parfaitement  justice au formidable  travail éducatif des juges pour enfants et rendait un bel hommage au monde judiciaire- un peu malmené en -  un système qui a la charge extrêmement difficile d'essayer de remettre dans le droit chemin des mineurs peu gâtés par la vie.

Delesté de toute  mièvrerie et de tout cliché- sauf pour le personnage de la mère, trop chargé et peu mis en valeur par le jeu outré de Sara Forestier-, "La Tête Haute "n'élude ni la violence sous jacente de ces jeunes, ni les doutes et le gros sentiment d'impuissance qui irriguent les personnes chargées de gérer cette délinquance des mineurs.

Mais surtout, on sent tout le long du film une belle et évidente empathie d'Emmanuelle Bercot pour ces enfants  à la dérive, et ce portrait d’un garçon déchiré entre sa quête de reconnaissance  et de confiance en lui, et la  rage intérieure qui l'anime, est dressé avec une belle humanité et une belle justesse.

Le film vaut aussi évidemment, comme on l'a dit ici et là, pour  sa très solide distribution, avec évidemment  la toujours épatante et juste  Catherine Deneuve en juge des enfants compréhensive et humaine, et un Benoit Magimel loin de  ses cabotinages dans "Cloclo" et "Les Petits mouchoirs", qui offre une belle consistance à ce rôle d'éducateur, revenu lui aussi d'un enfer juvénile mais mais qui, cependant, trouve la force et de se relever et de ne jamais abandonner l'adolescent. Et on n'oubliera évidememnt de citer la révélation Rod Paradot, repéré à Stains, dans un lycée professionnel où il faisait un CAP de menuiserie et qui crève  littérallement l'écran du début à la fin.

Un film fort intense, juste et percutant, qui assurément,  ouvrait en grande beauté cette 68ème édition du Festival de Cannes...

Bande-annonce "LA TÊTE HAUTE" (sortie le 13 mai)

 

Commentaires
R
Bonjour, j'ai trouvé ce film trés bien interprété et réalisé. Bon casting et sujet d'actualité réaliste et intéressant. Malgré tout quelques longueurs et des scénes à répétition où l'ado s'énerve un peu trop avec ses interlocuteurs. C'est clair que pour une ouverture de festival ça changeait un peu des 2 précédents. Bref, bon travail d'Emmanuelle BERCOT.
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T
Dans l'ensemble, j'ai bien aimé ce film même si je ne le trouve pas toujours parfait (je chipote). Disons qu'en tant que fan du cinéma social, à la Ken Loach, je m'y suis retrouvée. J'ai trouvé les questions sur l'éducation très pertinentes, la précision sur le système pénal et éducatif remarquable, les interprétations très justes (même Forestier e pas si mal). Après je lui fais quelques petits reproches. La mise en scène et l'écriture m'ont plu mais je trouve qu'il y a des petites choses pas toujours abouties. Parfois j'avoue ne pas avoir compris les scènes avec du Schubert (si je ne me trompe pas de compositeur - je suis nulle en musique classique), je trouve que ça manque parfois de réponses (oui la mère est immature et irresponsable mais après ?) et la fin, un peu trop optimiste, limite avec des symboles religieux, m'a dérangée. Mais l'ensemble reste quand même bon.
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B
à peu près veut dire à mon avis que tu es un poil moins enthousiaste que moi je pense :o) on lira ca alors...bon week end à toi chère mydiscoveries!!
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M
Je partage à peu près ton avis, j'en parlerai la semaine prochaine sur le blog. Bon week-end Filou!
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P
J'ai très envie de le voir celui-là ! J'espère que mon ciné de quartier va en avoir une copie. Surtout que je viens de lire coup sur coup ton billet et celui d'Isa et que vous êtes tous les deux enthousiastes :)
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