Dans les récentes sorties DVD/ Blu Ray 3 films au programme, trois films bien dissemblables que ce soient au niveau des thèmes abordés, des années de production ou de la renommée des cinéastes :

1.Money Monster- Sony Pictures ( sortie le 21.09.16)

 Money Monster qui est sorti en DVD chez Sony Pictures le 21 septembre dernier est un excellent film qui prouve une nouvelle fois le talent et l’intelligence de Jodie Foster cinéaste.

La dernière fois qu’on avait eu des nouvelles de Jodie cinéaste c’était pour son "Complexe du castor",  belle chronique intelligente et sensible sur la dépression et l'image que l'on renvoie à l'autre avec un Mel Gibson en phase de réhabilitation après ses déboires extra cinéma.

Critique assumée du capitalisme et des rouages économiques, Money Monster confirme en effet tout le bien qu’on peut penser de son cinéma, avec une œuvre qui est un peu un deux en un avec deux thématiques différentes pour le prix d’un et deux sujets abordés de manière assez frontale avec une audace et une efficacité qui fait plaisir.

Le film est une critique à la fois du  monde de la finance et de l’argent facile avec les boursicoteurs sans scrupules,  et du monde des médias qui régurgite de l’information sans réfléchir et sans penser aux conséquences de leurs inconséquences.

Cette intrigue qui détaille sur quelques heures une prise d'otage, dans un studio télé d’un animateur spécialisé dans la finance permet ainsi la mise en place d’un très bon thriller socio politique, pas loin des meilleurs films de  Sydney Lumet dans les années 70, avec une vision globale et précise d'une Amérique gangrénée par l’argent et l’ultra communication , une Amérique dans lequel il s’avère bien difficile de lutter contre certains systèmes injustes et totalitaires qui sont mis en place depuis plusieurs années sans que personne ou presque ne trouve à redire.

 Porté par un duo Julia Roberts/George Clooney à la complicité  évidente et qui réserve les scènes les plus légères dans ce climat pr ailleurs tendu et oppressant, ce thriller humain et intelligent prouve une nouvelle fois que Jodie Foster cinéaste mérite mieux qu’un simple intérêt poli dont elle semble fait généralement preuve.

 

 

Dans les bonus de l'édition Blu Ray on notera 3 scènes coupées interessantes  et  un aperçu du tournage avec les acteurs, featuring à mi chemin entre les film promotionels  où tout le monde dit du bien de tout le monde, et  témoignage ionnant sur le projet de sa génèse au tournage.. pas indispensable mais prenant..

2.Bonjour Tristesse ;Otto Preminger ( Carlotta Film- 23 novembre 2016)

« Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer un nom, le beau nom grave de tristesse. »

Un des incipit les plus connu de la littérature française. Ce formidable roman, écrit par une jeune fille et  qui devint en quelques semaines le premier best-seller international de l’après-guerre, ne pouvait qu’intéresser Hollywood. Mais comment rendre à l’image cette chose fragile : la petite musique du charmant petit monstre, Françoise Sagan.

Il faut reconnaitre que Preminger ne s’est pas mal débrouillé. Un casting en or massif, David Niven classieux séducteur parfaitement immature, Deborah Kerr femme entre toutes. En 1958 les meilleurs acteurs d’Hollywood étaient anglais c’est sûr ! Mylène Démongeot femme-enfant délicieusement vulgaire et Jean Seberg enfant-femme incapable de s’envoler, de sortir du nid sans faire un maximum de dégâts.

Ennui morbide chez les nantis, un père, sa fille et ses deux maitresses, une ambiance incestuelle délétère, une parenthèse inondée de soleil qui marquera à jamais l’entrée de Cécile dans le monde des adultes. La mise en scène est fluide, l’intrigue resserrée, plans très travaillés et mouvements de caméra  élégants contrastent avec la noirceur du sujet. Une alternance d’un magnifique noir et blanc et du bleu de l’été en Méditerranée, Juliette Gréco chante dans les caves de Saint-Germain, Il n’y a pas à dire Hollywood, avant les super héros, savait faire des films.

 Une adaptation devenue aussi culte que le roman originel, à irer dans sa sublime restauration 4K que Carlotta, décidement indispensable, nous propose en cette fin d'année 2016... un cadeau idéal pour tous les cinéphiles..

3.Carole Matthieu; Louis Jean Petit ( Sortie le 18/11/2016, Arte Editions)

 

  Après sa trés réussie comédie sociale Discount, Louis-Julien Petit revient en salles- même si au départ c'est un téléfilm qui est é sur Arte, d'où cette sortie en DVD en amont de sa sortie salles-   un drame social en adaptant le roman Les visages écrasés de l'excellent Marin Ledun dont on a dit souvent de bien sur baz'art.

Sur une toile de fond de film social sur le monde du travail et notamment sur les  dérives oppressantes et violentes du monde du travail (et on pense forcément en voyant le film à  la vague de suicides chez Orange,  qui a été également traité mais  sur le ton de la comédie dans l'excellent Maman à tort,

 

Le réalisateur de Discount prend le parti pris de la distanciation en instaurant un univers plus fantastique plus fantasmé, à base de rêves et de meurtres que l'on ne sait immédiatement s'ils sont réels ou imaginés. Une dimension onirique accentuée par le jeu d'Isabelle Adjani  et le personnage assez fantomatique de Carole Mathieu qu'elle incarne.

Car cette  médecin du travail désespérée, dans une entreprise de télémarketing auxechniques de  management inhumaines est tellement en souf qu'elle apparait ici finalement insaissisable, presque désincarnée, et hélas, ce personnage à la limite de la  folie et de la schizophrénie il nous manque quelques clés pour la comprendre, d'autant que ce mystère est amplifié par le visage étonnant qu'Isabelle Adajni a aujourd'hui.

Dommage car le film était ionnant par son coté documentaire, : tout ce qui a trait  à la souf des salariés, au harcèlement et l'arrogance des managers, et la cécité volontaire de la direction- formidable Corinne Masiero en DRH loin de ses rôles habituels-

Un long métrage un peu trop confus et maladroit  pour convaincre totalement, mais on saluera l'ambition de Louis Julien Petit de rester dans une thématique sociale et de tenter de l'amener loin du naturalisme plombant