Clash, un huis clos egyptien politique et percutant
Avec « Les Femmes du bus 678 », premier long métrage remarqué , et charge violente contre le machisme et le harcèlement sexuel, le cinéaste égyptien Mohamed Diab livrait un film engagé et féministe qui portait un regard fin et critique sur la société egyptienne , ancré dans une réalité souvent hélas bien trop niée, pour un film coup de poing où l'écriture cinématographique est constamment présente.
Mohamed Diab a confirmé ce coup d'essai avec « Clash " présenté en ouverture de la dernière sélection d'Un certain regard, et qui sort dès demain, le 7 février en DVD chez Pyramide Vidéo.
Moins critique de la société égyptienne que son premier, Diab s'essaie là au film politique en revenant sur le chaos égyptien de 2013 lors des émeutes qui ont suivi la destitution du président islamiste Morsi qui ont débouché sur la prise du pouvoir des Frères Musulmans.
Le film se propose de suivre deux groupes politiquement opposés qui se retrouvent enfermés dans le même fourgon. : un groupe de partisans des "frères musulmans" et les laïcs pro-armée, dont la cohabitation va s'avèrer particulièrement explosive.
Deux conceptions de la politique et de la société qui vont s'affronter, et le cinéaste les filme sans prendre parti pour l'un ou pour l'autre, afin que chaque spectateur puisse écouter le camp de l'autre.
Le film évite la plupart du temps le côté simpliste et manicheenne que pourrait avoir cette opposition binaire, grâce à une écriture plutôt subtile., le tout formant un tableau percutant des relations humaines, entre solidarité et violence.
A travers ces différents personnages, et personnalités souvent opposés les uns aux autres, Diab nous montre les multiples facettes d'une Egypte qui se déchire tant et bien.
Mais plus encore que son scénario, c'est la mise en scène et son dispositif à l'intérieur de ce fourgon qui force l'iration et fait toute l'efficacité de Clash : la caméra de Diab filme quasi exclusivement depuis l'intérieur d'un « fourgon » de police, avec caméra à l'épaule, au plus près de ses protagonistes, qui irrigue le film d'une tension constante, et parvient la plupart du temps à éviter la monotonie en parsemant son huis clos de pas mal de trouvailles ainsi que d'allers retours avec l'extérieur assez bienvenus ….
Sans doute moins convaincant , car un peu plus démonstratif que "les femmes du bus 678", Clash n'en reste pas moins un huis clos étouffant et prenant qui évoque de cruelle et parfois ironique les déchirement d'une Egypte impossible à réconcilier.
Clash - Bande-annonce VOST
Disponible en DVD (19.99 euros) chez Pyramide Video dès le 7 février
En bonus, un captivant making of de 19 minutes, qui donne la parole aux comédiens et au réalisateur Mohamed Diab ainsi qu'à son frère Khaled, coscénariste du film. Ceux ci insistent sur la volonté de témoigner sur ces historiques événements de 2013 pour aider à donner un peu d'humanité aux victimes et aux acteurs de cette guerre civile.
On apprend aussi que les répétitions du film dont démarré un an avant le tournage dans une réplique en bois du fourgon, avec les comédiens du film improvisant afin d'affiner l'écriture du scénario, donnant ce sentiment d'urgence qui irrigue le film...