Un travail comme un autre : Virginia Reeves réussit son roman à la Faulkner
On est en 1925, ça devrait signifier quelque chose, ce quart du siècle déjà é. Il y a plus de trois ans que je suis ici, et ça aussi, ça devrait signifier quelque chose. Je viens d’avoir trente-trois ans, et ma vie se divise en deux, les années à Kilby, et celles d’avant Kilby. J’espère qu’il y en aura d’autres après, mais je préfère ne pas trop y croire. Quand l’espoir est déçu, c’est encore plus dur. »
Un roman du Sud des Etats-Unis, un roman à la Faulkner, un roman qui colle au destin de Roscoe T Martin, un fermier contrarié. Les champs de maïs à perte de vue, le bétail ce n’est pas son truc, son truc à lui c’est l’électricité, il est persuadé que son avenir est dans cette science en pleine expansion.
C’est justement en détournant clandestinement une ligne à haute tension pour alimenter son exploitation que la vie du fermier va basculer.
Emprisonné pour la mort accidentelle d’un agent de la compagnie électrique, il voit son ouvrier agricole condamné pour complicité, et sa femme et son fils se détourner de lui. Roscoe restera neuf années à Kilby, la prison du comté.
Roman doux et grave, portraits d’hommes fiers et bons, destins brisés, vies imposées, Virginia Reeves aimes ses personnages et leur donne le choix de se racheter.
Un roman à lire en imaginant un film de John Ford ou Kelly Reichardt, des photos de Walker Evans ou Dorothea Lange, et bien sûr l’ombre bienveillante de Steinbeck au-dessus de l’épaule de la romancière.
Un travail comme un autre; Virginia Reeves Éditions Stock - septembre 2016/ Littérature contemporaine - 344 pages