Quais du polar 2022 : Le mur des silences Arnaldur Indridason
« Puis la situation avait empiré. Il avait cessé de s’exc et s’était employé à lui faire endosser la responsabilité de son comportement en lui reprochant de faire ressortir chez lui ses pires travers. Un jour, elle lui avait dit qu’elle ne ait plus tout ça et qu’elle allait le quitter en emmenant leur fille. Comprenant qu’elle était sérieuse, il lui avait promis de s’amender et de se faire aider. Elle ne pouvait tout de même pas s’en aller. Tout ça n’était pas si grave. Tous les couples avaient des problèmes et aucun n’était insoluble.
Elisa avait répondu qu’elle était à bout de patience. Il lui avait déjà fait ce genre de promesses sans jamais les tenir et, maintenant, elle en avait assez. Il avait piqué une colère noire. Lui avait crié dessus. Lui avait jeté des objets au visage. L’avait menacée. Jamais il ne la laisserait emmener leur fille. Il allait rentrer en Amérique, prendre la gamine avec lui, et Elisa ne la reverrait jamais. Il ne consentirait jamais à divorcer et, si elle s’avisait à nouveau de lui dire qu’elle comptait le quitter, il saurait le lui faire regretter. Elle avait pu constater par la suite que ce n’étaient pas des paroles en l’air. »
Konrad, policier à la retraite au triste é, dont nous avons fait sa connaissance il y a déjà quelques années, rouvre un dossier qui lui tient à cœur.
Son propre père, un escroc notoire très malsain s’est fait assassiner, il y a près de cinquante ans.
L’enquête s’est enlisée et le meurtrier n’a jamais été retrouvé.
Konrad, flic entêté et désabusé, père et grand-père aimant, doit aussi se défendre de la colère de son fils, et oui, Hugo vient d’apprendre que son cher papa a souvent mis des coups de canifs dans son contrat de mariage.
Un fils et son père, un père et son fils, Konrad le vieux flic mélancolique en est persuadé, résoudre le meurtre de son truand de paternel éclaircirait sa relation avec son propre fils.
Mais le réchauffement d’un cold-case n’est jamais sans dommage collatéraux au pays des volcans.
Violence faites aux femmes, violences faites aux enfants, Arnaldur Indridason n’en finit pas d’explorer la face sombre de sa chère Islande.
Politique, sociale et toujours humaine, la langueur de son écriture mélancolique fait une nouvelle fois merveille, chez lui, comme toujours dans les romans policiers de bonne tenue, l’enquête n’est qu’un prétexte pour observer la triste condition humaine.
Le lecteur de ce roman une fois de plus formidablement traduit de l’islandais par Éric Boury, constate avec bonheur qu’Indridason n’a pas usurpé le surnom de "Simenon de Reykjavik".
NB : Arnaldur Indridason sera présent sur Lyon lors du prochain Quais du Polar du 1er au 3 avril 2022.
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