Une famille respectable : la face cachée de la société iranienne
Dans la foulée du triomphe français du film Une séparation, pas mal de films iraniens ont franchi nos frontières, imposant une certaine marque d'un cinéma iranien de grande qualité, autrement dit un cinéma, qui, mine de rien, sous des apparence souvent trompeuses de simples chroniques familiales, en disent long sur la société iranienne dans son ensemble.
Prenons comme exemple le premier film de fiction du documentariste Massoud Bakhshi Une famille respectable sorti sur nos écrans le 31 octobre dernier, et qui vient de sortir en DVD, la semaine ée, le 2 avril dernier ( édité par Pyramide Vidéo).
Arash, universitaire iranien un peu naïf qui a vécu 22 ans en Occident -en a priori- est revenu enseigner dans une université à Shiraz, sans doute mû par un désir de retrouver sa terre natale, même si de mauvais souvenirs familiaux sont très présents.
On comprend très vite, dès la scène d'exposition, filmée en caméra subjective (scène qui fait son petit effet comme souvent avec ce type de filmage) que tout va ne va pas se er comme aurait voulu le héros.
La suite du film sera d'ailleurs un long flash back afin de nous montrer comment le personnage principal en est arrivé là, et du coup le film emprunte à la fois au genre du polar nerveux et de la chronique familiale, et de la chronique politique pour une vision sombre mais pas caricaturale de la société iranienne dans son ensemble. Le film en fait nous apprend comment dénoncer mine de rien un régime politique en ayant l'air de se cantonner simplement à la sphère familiale.
Car une famille respectable ( l'adjectif "respectable", contrairement à la famille formidable de TF1 doit bien sur être pris au sens ironique du terme) est un film conduit en apparence comme un polar, mais qui dans de nombreuses scènes nous dit beaucoup de choses sur la société iranienne : que la corruption est généralisée, que l'obtention d'un eport pour quitter l'Iran est une véritable épreuve qui peut nous mettre les nerfs à vifs, que des trafics s'organisent autour de la qualité de "martyre de la révolution", et surtout que la société iranienne est une société dans laquelle la violence est prégnante, avec l'ominiprésence des voitures pour nous la signifier : sirènes hurlants, accidents de la route, bagarres entre automobilistes, taxis plus ou moins recommandables.
Mais la pire violence s'exprime avant tout dans le cadre familial, et exclusivement dans le clan masculin, pour lequel l'appât du gain semble être le seul ressort valable. Seul Arash, qui a quitté trop longtemps cette société iranienne viciée pour s'en être imprégnée, semble avoir conservé la part d'humanité que possèdent les femmes de cette famille, mais mises à l'écart d'une façon ou d'une autre.
Devant la complexité de l'intrigue, et la multiplicité de personnages, le réalisateur a opté, première scène exceptée pour une mise en scène brute, sans fioriture, doté d'une certaine fluidité, comme s'il s'agissait de saisir des scènes sur le vif, comme dans le documentaire dont il est issu.
Certes, si je voulais émettre un petit bémol à ce film, je vous dirais que le personnage principal est sans doute un peu trop if pour que l'on puisse sattacher totalement à lui, il subit tellement les évenements que l'on aurait envie de réagir, mais son regard d'exilé de retour 20 ans après dans un pays dont il ne maitrise plus les codes et les rouages nous permet de nous identifier à cette société que l'on commence à appréhender un peu mieux au fil des différentes et ionnantes expériences cinématographiques dont cette Famille Respectable en constitue une bien belle illustration.